Analyse du Discours du Chef d'État-major des Armées, le Général Mandon, lors du 107e Congrès des Maires et Renaissance de la Défense Globale en France
- khustochka
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Analyse du Discours du Chef d'État-major des Armées, le Général Mandon, lors du 107e Congrès des Maires et Renaissance de la Défense Globale en France
Ce rapport est une analyse approfondie du discours prononcé par le Chef d'État-major des Armées (CEMA), le Général Fabien Mandon, lors du 107e Congrès des Maires et des Présidents d'Intercommunalité de France (AMF) en novembre 2025. Le rapport évalue les impératifs stratégiques derrière ses déclarations retentissantes, leur impact sur les relations civilo-militaires, et leur rôle dans la doctrine de la résilience nationale française face à la dégradation du contexte géopolitique.
I. Introduction Stratégique : Une Plateforme Civile pour des Impératifs Militaires
A. Le 107e Congrès des Maires comme Tribune Stratégique (Novembre 2025)
Le 107e Congrès des Maires et des Présidents d’Intercommunalité de France, qui s'est tenu au Paris Expo – Porte de Versailles du 18 au 20 novembre 2025, était traditionnellement axé sur la gouvernance locale et l'engagement citoyen, notamment à l'approche des élections municipales de mars 2026. Pourtant, cet environnement purement civil a été choisi pour un avertissement militaire d'une franchise sans précédent.
L'intervenant clé du commandement militaire fut le Général d’armée Fabien Mandon, qui avait pris ses fonctions de CEMA le 1er septembre 2025, succédant au Général Thierry Burkhard. Le Général Mandon, qui fut auparavant, entre autres, Chef de l'état-major particulier du Président de la République, a utilisé cette plateforme de haut niveau pour s'adresser aux quelque 34 000 dirigeants locaux de France.
Il a ouvert son discours en déclarant que "le moment est particulièrement grave" et que la situation internationale "se dégrade". Ce cadrage initial a immédiatement fait basculer la discussion, la faisant passer des enjeux locaux à ceux de la sécurité et de la survie nationales.
B. Importance Stratégique de l'Adresse aux Collectivités Locales
Le choix du CEMA de s'adresser spécifiquement au Congrès des Maires souligne le besoin militaire profond d'opérationnaliser le concept du Lien Armée-Nation au niveau local, communal. La préparation à un conflit de haute intensité (CHI) nécessite non seulement la modernisation des forces armées (prévue par la Loi de Programmation Militaire, LPM), mais aussi une mobilisation nationale complète.
Les maires représentent le maillon essentiel entre l'État central et la population. En s'adressant à eux, le CEMA a affirmé que l'échelon municipal est un actif stratégique critique, transformant la préparation à la défense d'une préoccupation uniquement parisienne ou militaire en une responsabilité communale et civile.
La nature du discours du Général Mandon, notamment sa rhétorique percutante (qui incluait la mention de la nécessité d’« accepter de perdre nos enfants »), révèle une doctrine du choc de communication stratégique délibérément conçue. L'objectif de cette méthode était de contourner l'inertie politique et de provoquer la prise de conscience publique nécessaire. L'analyse suggère que le commandement militaire estimait probablement que les avertissements antérieurs, plus mesurés, n'avaient pas réussi à créer le sentiment d'urgence indispensable pour garantir le financement et la pleine exécution de la transformation militaire en cours, qui implique des sacrifices sociétaux et économiques significatifs.
II. Évaluation Géopolitique : Une Chronologie Claire de la Dégradation
A. Les Contours Stratégiques Mondiaux : Un « Tableau très Sombre »
Le Général Mandon a dressé un "tableau très sombre" de la situation internationale qui exige que la France s'adapte à une arène mondiale multipolaire et à haut risque.
Retrait Américain et Menace Indo-Pacifique : Le CEMA a noté que les États-Unis d'Amérique recentrent stratégiquement leur attention sur l'Asie, diminuant ainsi leur engagement envers la sécurité européenne. Dans ce contexte, la Chine est identifiée comme une force militaire majeure, possédant « le meilleur matériel militaire au monde ». Le général a fait référence aux évaluations du Pentagone selon lesquelles la Chine pourrait envahir Taiwan d'ici 2027, conduisant inévitablement à une confrontation avec les États-Unis. Ceci établit une référence à court terme pour un conflit de haute intensité.
Arc Sud : Le général a également mis en évidence la profonde déstabilisation au Sahel, où se trouvent désormais des « chefs terroristes ». En outre, il a signalé l'extension de la guerre au Moyen-Orient suite aux attaques du 7 octobre 2023 contre Israël, mentionnant les avions français intervenant près du Yémen pour sécuriser les navires commerciaux. Cela confirme que, parallèlement à la préparation au CHI, la France maintiendra ses engagements expéditionnaires de faible à moyenne intensité.
B. L'Horloge Européenne de la Confrontation : L'Impératif de 2030
L'avertissement le plus poignant concernait le continent européen et la Russie. Le Général Mandon a déclaré sans équivoque que la Russie « ne s'arrêtera pas à l'Ukraine » et se prépare à une « confrontation d'ici 2030 avec nos pays et les membres de l'OTAN ».
Ce laps de temps, fixé à 2030, est devenu le fondement de son appel à une mobilisation nationale immédiate. Le CEMA a souligné que l'objectif est que la France soit prête « dans trois à quatre ans » (soit d'ici 2028/2029) afin de projeter sa force vers la Russie et de la dissuader de ses ambitions. Ce calendrier de mobilisation accéléré est directement lié aux investissements de défense en cours.
C. Fonction Stratégique de l'Intimidation
Les termes spécifiques des menaces (2027 pour l'Asie, 2030 pour la Russie) soulignent la nécessité pour la France d'opérer dans deux cadres temporels stratégiques distincts mais interconnectés : la dissuasion du CHI en Europe tout en gérant la déstabilisation mondiale.
Le discours du Général Mandon sur l'état de préparation de la France n'est pas seulement une communication interne, mais un élément essentiel de la dissuasion stratégique, en corrélation avec l'Article 5 du Traité de l'Atlantique Nord et le rôle de la France en tant que nation cadre dans la défense européenne.
Le commandement militaire estime que si la Russie perçoit la volonté des Européens (leur résilience morale) comme faible, la dissuasion échouera. Mandon a affirmé : « La Russie est convaincue que les Européens sont faibles. Or, nous sommes forts. Fondamentalement plus forts que la Russie ». Son discours est donc une frappe préventive contre cette perception de faiblesse, utilisant les maires comme un vecteur pour projeter la détermination nationale. Cela transforme la préparation psychologique de la France en un facteur de dissuasion stratégique directement dirigé contre les calculs du Kremlin.
III. Le Cœur Controversé : Déconstruction de la Doctrine de la « Force Morale »
A. L'Impératif de la Résilience Morale (Force Morale Collective)
Le Général Mandon a reconnu que la France dispose des moyens techniques nécessaires, notamment la dissuasion nucléaire, qui est la force objective du pays, ainsi que la capacité de son armée professionnelle à se déployer rapidement dans les régions les plus hostiles du monde. Cependant, il a déclaré qu'il manquait au pays la "force d’esprit pour accepter de se faire mal pour défendre la Nation".
La préparation, selon lui, exige l'acceptation de deux formes de sacrifice :
Sacrifice Humain : Accepter d'« accepter de perdre nos enfants ».
Sacrifice Économique : Accepter de « souffrir économiquement parce que les priorités seront données aux productions de défense ».
Mandon a averti les maires : « Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en danger. Vous devez en parler dans vos communes ».
B. Analyse de la Rhétorique : « Accepter de Perdre Nos Enfants »
Cette phrase est devenue la partie la plus controversée du discours, suscitant une réaction politique immédiate. La Ministre des Armées, Catherine Vautrin, a immédiatement défendu le Général Mandon, affirmant que ses propos avaient été sortis « de leur contexte à des fins politiciennes ». Elle a expliqué que cette phrase relevait du « langage militaire d'un chef qui sait au quotidien que de jeunes soldats risquent leur vie pour la Nation ».
Malgré cette clarification officielle, le choix du terme "enfants" porte une résonance civile et historique profonde, rappelant la mémoire collective incarnée dans les monuments aux morts locaux de la Première Guerre mondiale. L'utilisation de ce langage visait à garantir que les citoyens comprennent la gravité de la menace militaire à un niveau personnel, même si le général faisait référence au personnel militaire.
Les opposants politiques, notamment le Parti Communiste Français (PCF) et Jean-Luc Mélenchon, ont sévèrement condamné les propos, les qualifiant de « scandaleux et dangereux », accusant le Général Mandon de dépasser son devoir de réserve et de promouvoir un programme agressif visant à justifier les investissements colossaux mobilisés pour la course aux armements.
C. La Doctrine de la Défense Globale
Le discours du CEMA est une tentative de combler le fossé entre la mentalité de l'armée professionnelle et expéditionnaire qui s'est développée au cours des dernières décennies et la nécessité de se préparer à la Guerre Totale, où l'effort et les sacrifices nationaux sont au cœur de la stratégie de défense.
L'appel de Mandon à la « force d'esprit » est la quintessence de la doctrine de la résilience nationale. Le Ministère des Armées a clairement indiqué que la résilience est une force morale collective, sans laquelle la supériorité technique serait vaine. En exigeant l'acceptation des difficultés économiques et des pertes potentielles, le Général Mandon prépare la société à la réalité selon laquelle le prochain conflit ne sera pas limité aux théâtres extérieurs, mais exigera la dépendance du front intérieur, de la défense civile et de la priorisation des ressources. Cela renforce la détermination de la France en vue de négociations stratégiques ou d'une éventuelle escalade de conflit.
IV. Opérationnalisation de la Résilience Nationale : Les Maires comme Bases Arrières
A. Désignation du Rôle de « Bases Arrières »
Le Général Mandon a explicitement appelé les maires à devenir les « bases arrières de ses armées ». Il a souligné que les maires ont un « rôle fondamental » en tant que « meilleur canal » de communication avec les citoyens, et qu'il a besoin de leur aide pour « partager cette vision » qui, a-t-il reconnu, suscitera inquiétude et questions.
Les exigences du CEMA marquent un changement de politique pratique, passant d'un dialogue civilo-militaire passif à un soutien opérationnel actif et mesurable au niveau local. Cela témoigne du fait que les forces armées cherchent à transférer la responsabilité d'une partie de l'infrastructure opérationnelle et des services aux municipalités dans le cadre d'une nouvelle doctrine de mobilisation répartie. Les grandes casernes traditionnelles sont insuffisantes pour la mobilisation du CHI. L'utilisation de l'infrastructure civile locale (écoles, logements) assure une dispersion rapide et une couverture territoriale de la sécurité, un élément essentiel dans le cadre de l'Organisation Territoriale Interarmées de Défense (OTIAD).
B. Exigences Opérationnelles Détaillées (Les Trois Piliers)
Les exigences opérationnelles adressées aux dirigeants locaux ont été divisées en trois axes principaux, jugés nécessaires pour assurer la préparation militaire d'ici 2030 :
Communication Stratégique et Pédagogie
Les maires doivent expliquer la situation menaçante aux citoyens et utiliser activement les structures de défense existantes. Ils doivent faire appel aux correspondants défense (élus locaux désignés responsables du lien armée-nation), aux Délégués Militaires Départementaux (DMDs) et aux commandants des régiments et bases navales locaux. Ceci est nécessaire pour former une résilience morale collective et contrer la désinformation.
Soutien Logistique et Logement
Les maires doivent faciliter la préparation opérationnelle en apportant leur soutien aux militaires et à leurs familles, facteur clé pour la fidélisation du personnel et le déploiement rapide des forces.
Les demandes spécifiques incluent :
L'assurance de places dans les crèches et les écoles.
La fourniture de logements pour les familles militaires en déplacement ou en cours de mobilisation.
Soutien à l'Entraînement et aux Manœuvres
La préparation au CHI nécessite des exercices à grande échelle et complexes. Le Général Mandon a demandé aux maires de "s'il vous plaît, essayer d'avoir un regard positif sur ces actions", car l'armée a besoin d'espace pour mener des manœuvres de grande ampleur. Ceci est souvent confronté à la résistance locale, et le CEMA cherchait à obtenir une facilitation politique au niveau communautaire.
C. Synergie avec les Structures de Réserve et de Défense
Le discours du CEMA renforce l'orientation visant à augmenter les effectifs et les standards opérationnels des forces de réserve (Garde Nationale). Les communautés locales et les employeurs sont essentiels pour soutenir les réservistes, car sans leur aide, les rapports indiquent qu'il peut y avoir des risques juridiques liés aux blessures ou au décès des réservistes.
Cet appel à l'action est une extension logique des initiatives de partenariat précédentes, telles que le partenariat entre l'Armée de Terre et l'AMF, visant à renforcer le Lien Armée-Nation.
Exigences Opérationnelles pour les Municipalités Françaises (Novembre 2025)
Pilier Stratégique | Mandat Opérationnel du CEMA | Actions Municipales Nécessaires | Objectif Stratégique |
Pédagogie et Communication | Être le « meilleur canal » pour les citoyens et partager la vision stratégique. | Implication des correspondants défense ; lien avec les DMDs et les commandants locaux ; explication du risque et de la nécessité de sacrifices. | Construction d'une résilience morale collective et lutte contre la désinformation concernant les menaces. |
Soutien Opérationnel (Logistique) | Faciliter le logement et la préparation du personnel militaire. | Fourniture de logements, de places en crèche et à l'école pour les militaires et leurs familles. | Assurer la fidélisation du personnel et la capacité de mobilisation rapide en protégeant l'environnement social des « bases arrières ». |
Entraînement et Préparation | Soutenir la transition vers l'entraînement en conditions de CHI. | Autorisation, facilitation et « regard positif » sur les exercices et manœuvres militaires à grande échelle sur les territoires locaux. | Répétition des conflits majeurs et garantie des standards opérationnels élevés de l'armée française, désignée comme « armée de référence ». |
V. Résonance Politique et Alignement Stratégique
A. Division Politique et Devoir de Réserve
La rhétorique du Général Mandon a suscité une réaction immédiate et forte au sein du spectre politique, ce qui était l'un des principaux objectifs du CEMA.
La Ministre des Armées, Catherine Vautrin, a défendu Mandon avec force, déclarant que ses commentaires étaient des avertissements légitimes sur les menaces et qu'ils avaient été « sortis de leur contexte à des fins politiciennes ». Ce soutien démontre l'approbation officielle du gouvernement de la rhétorique percutante du CEMA, s'alignant sur la nécessité de créer un consensus public autour des priorités militaires.
Dans le même temps, des personnalités clés de la Commission des Affaires Étrangères et de la Défense du Sénat, telles que Cédric Perrin (LR) et Rachid Temal (PS), ont convenu de la nécessité d'une « prise de conscience des risques ». Ils ont noté que les militaires avertissent depuis longtemps d'un potentiel « choc militaire ». Cela valide le diagnostic stratégique du CEMA, même si sa formulation a été jugée quelque peu « maladroite ». Les sénateurs ont souligné qu'il n'est pas possible de paraître faible face à des adversaires déterminés.
Cependant, les partis d'extrême gauche (PCF, La France Insoumise) ont considéré le discours comme une violation du devoir de réserve. Ils ont soutenu qu'un chef militaire n'a pas le droit de donner le ton national pour la « préparation à la guerre » et que ses paroles sont utilisées pour justifier un programme agressif et un budget militaire disproportionné.
B. Utilisation Stratégique de la Controverses
L'analyse suggère que la violation par le Général Mandon de l'esprit, sinon de la lettre, du devoir de réserve était probablement une démarche calculée, sanctionnée au plus haut niveau politique (l'Élysée). Si le CEMA s'exprime de manière aussi directe sur des sujets sensibles, cela sert l'agenda de l'exécutif en préparant la population aux sacrifices militaires et économiques nécessaires, potentiellement impopulaires, associés à la Loi de Programmation Militaire (LPM).
La controverse qui en a résulté a garanti que l'attention nationale était concentrée précisément là où le Ministère des Armées le juge critique : sur la préparation à la défense et la menace russe imminente.
C. Contexte Législatif et Budgétaire
Le discours de Mandon a fourni une puissante justification politique aux investissements massifs prévus par la Loi de Programmation Militaire 2024-2030. En présentant la production de défense comme une priorité économique immédiate et la menace comme imminente (3-4 ans), Mandon contribue à obtenir un soutien public et politique pour des crédits budgétaires potentiellement litigieux.
En outre, l'appel du CEMA à la prise de conscience nationale a réactivé la discussion sur la politique de mobilisation de la défense, y compris l'idée de l'introduction d'un nouveau Service Militaire Volontaire (SMV).
Le discours du Général Mandon fonctionne également comme un signal de communication stratégique externe. En effet, en affichant la volonté politique et l'unité (la « Force d'esprit ») au niveau municipal, la France projette sa détermination et renforce sa position de dissuasion nationale envers les agresseurs potentiels, en particulier la Russie, que Mandon a accusée de croire que les Européens sont faibles.
Analyse des Réactions Politiques Clés au Discours du CEMA
Sujet/Groupe | Position/Interprétation Principale | Point de Focalisation Rhétorique | Implication Stratégique |
Général Fabien Mandon (CEMA) | Avertissement urgent/Mandat | Acceptation des « souffrances » humaines et économiques pour la défense de la Nation ; fenêtre de préparation de 3-4 ans. | Augmentation de la conscience publique pour soutenir la préparation au CHI et la dissuasion. |
Ministre Vautrin (Armées) | Défense/Clarification | Propos nécessaires relevant du « langage militaire d'un chef » ; sortis « de leur contexte à des fins politiciennes ». | Soutien politique officiel à l'analyse du CEMA, renforçant la détermination de l'exécutif. |
PCF / LFI (Extrême gauche) | Condamnation | Propos « scandaleux et dangereux » ; violation du devoir de réserve ; promotion d'un programme « guerrier » pour justifier les dépenses. | Tentative de politiser le discours de défense et de contester l'extension de l'influence militaire dans la vie civile. |
Sénateurs de la Défense | Acceptation/Validation | Nécessaire « prise de conscience des risques » ; besoin de mobiliser la nation pour ne pas paraître faible. | Confirmation du diagnostic stratégique du CEMA, assurant le soutien à la trajectoire de défense de la LPM. |
VI. Conclusions et Évaluation Prospective
A. Le Discours de Mandon comme Tournant Doctrinal
L'adresse du Général Mandon aux maires de France en novembre 2025 est historique. Elle met formellement fin à l'orientation stratégique post-Guerre froide de la France sur les guerres exclusivement expéditionnaires et confirme un tournant décisif vers la préparation à la Guerre Totale et à la Défense Globale.
Le général a réussi à faire sortir les risques géopolitiques (la menace russe de 2030) de la sphère de la planification militaire confidentielle pour les amener en première ligne du débat national. Ce faisant, il a atteint la friction politique nécessaire pour accélérer la transformation militaire et garantir un financement adéquat.
B. Conséquences à Long Terme pour les Relations Civilo-Militaires
L'attribution de tâches opérationnelles aux maires consacre leur rôle permanent dans la résilience nationale et la logistique (en tant que "bases arrières"). Cette nouvelle fonction crée un précédent pour l'institutionnalisation des collectivités locales dans le dispositif de défense nationale.
Les politiques futures devront se concentrer sur :
Institutionnalisation du Rôle des Municipalités : Fournir aux maires la formation nécessaire, des protocoles clairs et un financement pour l'exécution des tâches liées à la défense civile, à l'intégration des réservistes et à la réponse aux conflits/situations de crise.
Résolution des Conflits Fiscaux : Étant donné que la stratégie militaire implique une mobilisation répartie et une dépendance à l'infrastructure civile, un mécanisme transparent de compensation et de répartition des ressources doit être élaboré pour éviter la charge financière des municipalités.
C. Implications Stratégiques pour l'OTAN et la Défense Européenne
La France, en tant qu'« armée de référence » en Europe, utilise sa doctrine de mobilisation interne pour un double effet stratégique :
Dissuasion : Un signal clair à la Russie que la France a reconnu la menace et mobilise sa base civile, renforçant la posture de dissuasion globale de l'OTAN.
Leadership au sein de l'OTAN : Assurer aux partenaires de l'OTAN son engagement envers la défense collective et encourager les autres nations européennes à accroître de manière similaire leur préparation nationale et à développer la « force d'esprit » nécessaire.
La « Doctrine Mandon » sert d'appel européen au renforcement de l'Autonomie Stratégique et de la Résilience. Elle n'exige pas seulement une modernisation militaire, mais un consensus politique et social sur le prix et la nécessité de défendre la souveraineté nationale.
