
Un bilan partiel de 2024 en quatre thématiques : La situation du Front : se battre avec une main dans le dos; La question des armements : compenser l’infériorité volumétrique de l’Ukraine par l’innovation technologique ; Incertitudes Américaines, garanties Européennes ; Echecs et affaiblissements Russes.
Alors que nous approchons de la quatrième année de la grand guerre d`agression de la Russie contre le monde democratique déclenchée en 2022 par le Kremlin, on peut en dresser un bilan partiel de 2024 en quatre thématiques :
La situation du Front : se battre avec une main dans le dos .
Il faut l’admettre, 2024 aura été une année difficile pour l’Ukraine, marquée par une progression et une accélération de la progression des forces russes sur le front de l’est.
Pour autant, les objectifs principaux de Poutine, soit le complet envahissement des Régions de Donetsk et de Louhansk et l’encerclement de Kharkiv n’auront pas été atteints.
Dans le même temps, jamais les pertes russes n’auront été aussi élevées, soit près de 420.000 militaires mis hors de combat, davantage que le cumul de leurs pertes 2022 et 2023, confirmant la stratégie de « chair à canons » du pouvoir russe pour des gains territoriaux limités et sans réels intérêts stratégiques. Selon le Président Zelensky, le nombre total de pertes russes pour toute la période de la guerre dépasse 750 000, dont 198 000 tués et plus de 550 000 blessés. Autrement dit, le front ne rompt pas, résultat d’autant plus remarquable, que dans le même temps :
Les forces Ukrainiennes ont subi un retard de plusieurs mois dans la livraison d’armes promises par les Etats-Unis et d’autres équipements fournis par des pays européens.
Elles ont été contraintes de limiter l’emploi d’armements à longue portée, à la demande de certains pays fournisseurs, opposés aux frappes en profondeur sur le territoire russe (Ce que certains ont appelé « devoir se battre avec une main dans le dos »).
Elles ont continué à affronter un adversaire bien supérieur en effectifs et en volumes d’équipements et d’armements, renforcé qui plus est par l’apport de la Corée du Nord en hommes et munitions, aux termes d’un traité d’assistance conclu entre la RDC et la Russie. Mieux encore, ces déséquilibres n’auront pas empêché les forces Ukrainiennes de remporter des succès très significatifs dans quatre domaines :
Une incursion de plusieurs centaines de Km2 dans la région de Koursk, premier cas d’occupation étrangère d’un territoire russe depuis la seconde guerre mondiale.
La destruction massive, en profondeur, de nombreux dépôts de munitions, carburant et équipements stratégiques.
L’élimination ciblée de hauts gradés Russes, y compris au cœur de Moscou, véritable gifle pour le Kremlin.
Le contrôle maintenu des débouchés de la Mer Noire, par la destruction régulière de navires et aéronefs russes, garantissant la sauvegarde des exportations Ukrainiennes via Odessa.

Selon les analystes de l’influente edition ukrainienne en ligne Texty. Org.Ua, compte tenu de la supériorité quantitative des Russes à ce stade de la guerre, l’Ukraine ne peut s’empêcher de reculer. La stratégie de l'Ukraine, annoncée par les autorités ukrainiennes, est de tuer autant d'ennemis que possible, en échangeant des morts sur le territoire. Le calcul est que tôt ou tard les forces de l’ennemi seront épuisées ou la société russe ne supportera plus de pertes colossales et le soutien à la guerre diminuera considérablement.
La question des armements : Compenser l’infériorité volumétrique de l’Ukraine par l’innovation technologique.
Plus que jamais en 2024, l’Ukraine a été confrontée à la nécessité de développer ses propres systèmes d’armement pour compenser la supériorité, en volume, des forces russes, et l’insuffisance et les retards de fournitures des équipements en provenance de ses soutiens. Les résultats de ces efforts auront été spectaculaires, témoignant à nouveau de l’ingéniosité et de la forte capacité d’innovation des experts Ukrainiens. Citons en particulier :
- La production de près d’1,5 million de drones, et leur extrême diversification selon les besoins, entre les équipements les plus légers jusqu’aux drones d’attaque à longue portée, aux missiles-drones, aux drones navals, aux appareils de reconnaissance, etc.
- La conception et le développement autonomes de missiles à longue portée (de 300 à 500 km), lesquels, en complément de drones également à longue portée, auront permis de porter des coups très sévères en territoire russe (Raffineries, dépôts de munitions, stock d’armes, équipements aéronautiques), sans oublier la destruction de navires.
- La conception et le développement autonomes de canons automoteurs à longue portée aux standards de l’OTAN.
- La conception et la mise au point d’un système d’armes Laser, le « Trident », susceptible d’apporter des avantages décisifs en matière de défense antiaérienne pour des coûts infiniment moindres que ceux de missiles et autres équipements traditionnels ; son entrée en service opérationnelle est prévue pour 2025 et suscite beaucoup d’espoirs.
3. Incertitudes Américaines, garanties Européennes :
Bon nombre d’évènements survenus en 2024 ont et auront encore des impacts sur la guerre, au premier rang desquels la nouvelle élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Cet évènement suscite de nombreuses questions, compte-tenu du poids décisif des USA dans les aides économiques et militaires jusqu’alors apportées à l’Ukraine et de la volonté affichée par le président élu de mettre fin à la guerre dans les plus brefs délais.
Encore faut-il savoir quelles seraient les conditions posées à cette fin de la guerre, sachant que les pays européens les plus engagés aux côtés de l’Ukraine ont d’ores et déjà affirmé l’absolue nécessité de lier cette sortie de la guerre à de fortes garanties de sécurité pour Kyiv, façon de ne pas revivre la manipulation Russe par les accords de Minsk de 2014 et 2015.
Et en dépit des incertitudes américaines, on notera que parmi les membres du Congrès à l’origine du gel des livraisons d’armes en 2024, bon nombre ont radicalement changé de position en se prononçant pour une augmentation et une accélération de ces livraisons.
Echecs et affaiblissements Russes :
- L’accord signé avec la RDC, en dépit des apports qu’il prévoit pour la Russie témoigne d’un affaiblissement d’un pouvoir russe, incapable de mobiliser davantage ses propres ressources en faveur de la guerre de moins en moins compris et soutenu par sa population ; il aura permis, dans le même temps de renforcer la coopération entre l’Ukraine et la Corée du Sud.
- De même, l’incapacité du pouvoir Russe à éviter le renversement du régime Syrien de Bachar El Assad doit-elle être considérée comme un grave signe d’affaiblissement, compte-tenu de l’ancienneté de l’alliance Russo-Syrienne et de ses enjeux considérables pour la Russie en matière de débouchés économiques et militaires ; on parle ici d’une véritable éviction de la Russie du Moyen Orient, directement liée à la guerre qu’elle mène en Ukraine.
- Il faut encore parler en 2024 d’une « défaite énergétique » de la Russie, désormais privée du monopole de fourniture de gaz à de nombreux pays de son environnement proche ou plus lointain (Slovaquie, Autriche, Hongrie, Moldavie). La Russie se trouve ainsi dépourvue d’un puissant levier d’influence à l’égard de pays et territoires qu’elle maintenait en situation d’extrême dépendance, sans que cette rupture n’affecte les capacités de l’Ukraine à assurer le bon fonctionnement de son propre réseau gazier.
Cette perte d’influence se chiffre aussi en pertes de revenus, alors que l’économie russe, artificiellement dopée par la guerre cumule les signes d’un affaiblissement généralisé (Baisse de la production civile, pénurie de biens, inflation et taux d’intérêts en forte hausse).

12 janvier 2025.
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